La fête des célibataires en Chine

 

La fête des célibataires en Chine Le mariage est une véritable institution en Chine.

La société chinoise reste en effet très influencée par la tradition confucianiste, qui valorise la continuation de la lignée et la pérennité du nom et de l’honneur de la famille. En somme, se marier est synonyme de réussite. Le simple concubinage et la cohabitation de type marital ne sont qu’un préalable à l’union définitive.

 

Pourtant, le célibat est aujourd’hui plus imposé que choisi par une partie de la population chinoise, le nombre de femmes se trouvant en déficit croissant sur le marché matrimonial. Les célibataires ont droit depuis le début des années 1990 à leur propre fête. Le 11 novembre, jour de cette dernière, la plateforme chinoise Alibaba enregistre un chiffre d’affaires journalier de 25 milliards de dollars. Un record historique.

 

Ainsi, comment un simple phénomène démographique et social est-il devenu un levier notable pour les plateformes de e-commerce chinoises dont celles détenues par Alibaba ? Tend-il à se démocratiser en occident et plus particulièrement en France ?

 

 

L’origine de la fête des célibataires

 

La fête des célibataires a été créée dans les années 1990 par des étudiants de l’université de Nankin qui désiraient transposer la fête de la Saint-Valentin en Chine. Là ou la Saint-Valentin fête les couples et les amoureux, la fête des célibataires, comme son nom l’indique, célèbre l’individualité et ses valeurs. Depuis 1993, cette journée dédiée aux hommes et femmes seuls tombe un 11 novembre.

 

Cette date n’a pas été désignée au hasard puisqu’elle est composée de quatre “1”, soit une représentation de quatre individus célibataires. Si la fête des célibataires est devenue populaire en Chine, elle s’est transformée en un véritable évènement culturel pour les étudiants et les jeunes actifs de moins de trente-cinq ans. Des festivités sont en effet organisées à travers tout le pays pour que chacun puisse trouver sa moitié.

 

D’autres, ce jour-là préfèrent sortir et s’amuser entre célibataires, tandis que d’autres encore, guettent les meilleures promotions sur les plus grandes plateformes chinoises de e-commerce. La fête des célibataires est aujourd’hui un événement en ligne destiné à tous, indépendamment du statut marital.

 

 

Une aubaine pour Alibaba

 

En 2009, Jack Ma, le fondateur de la plateforme de commerce électronique Alibaba.com, pressent le potentiel commercial gargantuesque de cette célébration. Il se réapproprie donc le concept pour en faire une journée de rabais monumentaux et uniques dans l’année. Depuis neuf ans, le groupe Alibaba enregistre donc des records de vente à en faire pâlir le géant Amazon.

 

Le 11 novembre 2017, Alibaba connaît un record historique et engrange 25 milliards de dollars en moins de vingt-quatre heures. La veille, un gala est retransmis en direct pour fêter les célibataires sous forme de téléshopping géant. Parmi les invités, des grands noms de la télé chinoise mais aussi des célébrités internationales comme Nicole Kidman ou Pharell Williams.

 

Au coeur du tableau, Jack Ma, s’agitant devant un compteur gigantesque qui surplombe la scène et affiche le volume des transactions financières réalisées en direct sur les sites du groupe. En deux minutes, le milliard de dollars est atteint. La fête des célibataires devient officiellement le plus grand événement commercial en ligne en Chine, et au monde.

 

 

Une fête des célibataires en France ?

 

Si la fête des célibataires, ou Singles’Day, peut être comparée au phénomène du Black Friday, Alibaba ne se cache pas de vouloir engloutir Amazon, en commençant à cibler ses adeptes.

 

En témoigne la soirée de gala où étaient présentes des personnalités anglophones notables ainsi que des journalistes étrangers, spécialement invités par le géant chinois pour relayer l’événement. L’idée était d’attirer des consommateurs européens mais également des marques populaires en Europe et aux Etats-Unis.

 

Peut-on envisager le même phénomène en France ? La transposition d’un Singles’Day serait-elle seulement sociologiquement et économiquement possible dans l’Hexagone ?