Ok boomer : l'agacement à la sauce centennial

ok boomer

Vivre en bonne intelligence semblait réussir aux générations, en dépit de certaines incompréhensions et de piques adressées par intermittences.

 

Pourtant, le gap générationel se creusait peu à peu, laissant apparaître des craquelures, puis une scission. Un seul “Ok boomer” et la guerre était déclarée.

 

D’où vient l’expression Ok Boomer ?

 

Depuis quelques semaines, cette réplique cinglante est sur toutes les lèvres et apparaît comme la réponse la plus directe d’une jeunesse fatiguée des critiques infondées de ses aînées, les baby boomers, sur des questions comme le travail, le mérite ou encore même le réchauffement climatique, qui cristallisent des tensions inévitables.

 

Qui a osé déterrer la hache de guerre ? Il semblerait que le coupable se trouve sur Tiktok, véritable vivier de tendances et d’expressions virales. Rares sont les baby-boomers à se promener sur ce réseau. Et pourtant, un utilisateur âgé d’une soixantaine d’années a commis l’irréparable en postant une vidéo dans laquelle il accuse les jeunes d’être atteints du syndrome de Peter Pan et de ne pas voir la réalité du monde en face.

 

En réponse à ce que les internautes ont considéré comme un affront, une jeune fille partage une vidéo sur laquelle elle griffonne un simple “Ok Boomer” sur son carnet. En outre, “causes toujours, tu m’intéresses” à la sauce centennial.

 

Depuis, la formule s’est répandue comme une traînée de poudre à travers le monde entier.

 

 

Gen Y et Gen Z au bord de la crise de nerfs

 

Autant dire que l’expression ne s’est en effet pas limitée à Tiktok - contrairement à la plupart des phénomènes qui naissent puis meurent sur la plateforme. Sur Instagram, le tag #okboomer compte déjà plus de 25 000 occurrences contre plus d’un million de tweets depuis début novembre. La réplique gagne inévitablement en popularité, trouvant une résonance massive à l’internationale.

 

Pour preuve, le 5 novembre dernier, lors d’une réunion du parlement néo-zélandais, la député Chloë Swarbrick clouait le bec à un collègue plus âgé qui cherchait à l’interrompre avec un “Ok Boomer” détaché et on ne peut plus méprisant.

 

En témoigne cette intervention, “Ok Boomer” est devenu l’expression de la lassitude et du ras-le-bol des jeunes qu’on ne cesse de vouloir interrompre ou réprimander. Loin d’être irresponsables, comme l’avance pourtant les boomers, les plus jeunes entendent renvoyer leurs aînés à leur inaction.

 

En effet, la génération du baby-boom est accusée de n’avoir rien fait pour sauver la planète quand elle en avait les moyens et pire, de le nier, ce que la génération Greta Thunberg aime à rappeler.

 

 

Renouer le dialogue entre les générations est-il possible ?

 

Bien évidemment, la culture du clash propre aux jeunes générations continue d’alimenter le conflit et de remettre de l’huile sur le feu. Pour autant, les millennials et les centennials ont toutes les bonnes raisons d’être en colère.

 

Fainéants, pleurnichards, bons à rien, addicts à leurs smartphones et même désoeuvrés : voilà comment la presse dépeint la gen Y et la gen Z depuis quelques années.

 

A cela s’additionne l’angoisse permanente de pouvoir subvenir convenablement à ses besoins primaires (les millennials sont plus pauvres que toutes les générations antérieures) ainsi que des phénomènes comme l’éco-anxiété et les burn-out en série. D’un côté, les baby-boomers ayant vu le jour dans un contexte économique florissant et une insouciance rarement égalée.

 

De l’autre, une génération née dans un contexte historique et économique bien moins propice et devant faire face au climato-scepticisme et au mépris non dissimulé de leurs aînés.

 

 

“Ok Boomer” est ainsi plus un moyen de montrer à ces derniers que bien loin d’être dépourvus de valeurs, les gen Y et Z sont prêts à se battre encore longtemps pour faire bouger les choses, et ce, même en n’ayant pas le soutien de leurs aînés.

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