On peut être un génie des mathématiques et se retrouver complètement dépourvu face au traitement des factures.
C’est en partant de ce constat qu'ont été pensés les premiers cour d’adulting à Berkeley, en Californie, sur l’impulsion de deux étudiantes ayant elles-mêmes été confrontées à cette difficulté majeure qu’est le fait de devenir adulte.
Des cours d’adulting, pour quoi faire ?
« Nous sommes jetés dans ce monde et avons peu d’idées de ce que nous sommes censés faire. Je pense que, en général, nous nous sentons tous un peu perdus et ne savons pas par où commencer »
Belle Lau, 21 ans, élève à l’université et organisatrice des cours d’adulting à Berkeley, pour le Los Angeles Times.
C’est un fait : les jeunes américains, tout particulièrement les étudiants, ont le sentiment de ne pas savoir gérer leur vie. Par “gérer sa vie”, on entend ici tout un ensemble de life-skills essentiels pour avancer sereinement, à savoir :
- Payer ses factures à temps
- Respecter un budget
- Se faire à manger soi-même
- Chercher un emploi
- Mener un entretien d'embauche
- Gérer ses relations amoureuses.
- Etc.
N’est en effet pas adulte qui veut dans un monde où il est désormais plus instinctif d’enregistrer et publier un Tiktok que de déboucher le siphon de son évier. L’ère du numérique ne serait pourtant pas la principale responsable.
Adulting is boring
A priori, il semblerait que le manque d’autonomie de ces étudiants réside plutôt dans l’éducation prodiguée par leurs parents, bien plus axée sur la réussite scolaire que la sur la débrouillardise.
En cause également, une certaine injonction à rester jeune, à ne pas se projeter dans les schémas traditionnels et archétypaux de la vie d’adulte. La maison, le monospace, les trois enfants et le golden retriever ça vous dit quelque chose ?
Tout ceci dénote simplement une suite logique au déni adolescent quant à l’autorité parentale -parce que personne ne veut ressembler à son père ou à sa mère. Devenir adulte est bien souvent interprété comme la fin de la liberté, des rêves, des ambitions. Let’s be forever young, donc.
Les jeunes français ont-ils eux aussi besoin d’être nudgés ?
Si la tendance concerne pour le moment les étudiants américains, les français ne sont pas en reste.
En effet, la gestion des papiers reste une des principales sources d’angoisse chez les étudiants, qui ont le sentiment de ne pas comprendre certaines démarches administratives, et surtout, ne pas savoir à qui s’adresser.
C’est pourquoi le phénomène Tanguy se poursuit avec des jeunes rassurés d’avoir leurs parents au téléphone à chaque difficulté - ampoule à changer, évier bouché, vêtement troué - ou préférant rentrer chez eux chaque week-end pour laver leur linge et profiter de la cuisine familiale.
Bientôt des cours à la Sorbonne ou à Paris VIII pour apprendre à faire sécher son linge ?
Et puis d’abord, qu’est ce qu’être adulte en 2020 ? En effet, la limite entre adolescence et passage à l’âge adulte est plus que jamais floue. D’aucun diraient qu’à chacun sa définition, sa vision de la vie d’adulte.
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