Le bio : pourquoi les français ont-ils encore du mal à s'y mettre ?

Si depuis quelques années, le marché du bio connaît une croissance notable, il ne constitue que 5% des dépenses alimentaires des Français.

 

Les produits les plus consommés sont les légumes, dont la production a augmenté de 24% en 2018 ainsi que les fruits avec 20% et les vins avec 20%.

 

Quels sont les principaux freins qui empêchent encore les consommateurs à adopter le bio au quotidien ?

 

 

Le prix : frein majeur à la consommation

 

Les conditions d’élevage et de cultivation font doubler à quadrupler les prix. En cause, les coûts de production mais aussi de distribution, bien plus conséquents pour les agriculteurs et les éleveurs.

 

Un bétail élevé plus longtemps et sur plus d’espace avec un fourrage bio ou bien des légumes cultivés plus lentement, entretenus et traités de manière raisonnée : tout cela à un coût qui se répercute directement sur le ticket de caisse.

 

Toutefois, certaines recommandations permettent d’alléger la note : manger moins de viande, cuisiner des produits bruts plutôt que des plats préparés et préparer en conséquence pour consommer plus tard (le phénomène du batch-cooking)

 

 

L’opacité des labels…

 

Quelle différence entre le logo AB et la petite feuille verte, attestation du l’union européenne ? A quoi correspondent les autres labels ? Quelles sont les conditions d’obtention d’un label bio ? Un produit bio en grande surface est-il aussi qualitatif qu’un produit bio de circuit spécialisé ?

 

La transparence des labels peut être un frein notable pour des consommateurs de plus en plus à cheval sur la traçabilité des produits. Comment faire confiance à un label dont le cahier de charges varie souvent et s’assouplit ?

 

 

...et l’intensification de la production

 

Si certaines mesures phares positives - comme le fait de ne pas pouvoir trouver des tomates certifiées bio l’hiver sur nos étalages - parviennent jusqu’aux yeux et aux oreilles du consommateur, les moins louables, elles, sont occultées.

 

Par exemple, la filière des oeufs bio connaît un écart énorme entre la proposition initiale - des bâtiments accueillant jusqu’à 3000 poules pondeuses - et la réalité - des bâtiments accueillant parfois jusqu’à 50 000 poules. Le bio, un secteur encore peu vertueux et bien trop opaque, donc.

 

 

Le bio : pas suffisant ?

 

L'intensification de la production et les besoins des consommateurs nécessitent d’exporter des produits pas toujours de saison (57 % des fruits bio consommés en France sont importés) comme les fruits exotiques.

 

On se heurte ici à la problématique du local et des valeurs écologiques. Un produit bio a t-il de la valeur aux yeux des consommateurs s’il ne respecte pas un minimum l’environnement et les hommes qui le cultivent ? Avec des labels comme Demeter, les pesticides de synthèse sont interdits là où les labels bio traditionnels les autorisent encore. Le label Nature et Progrès quant à lui, protège les agriculteurs locaux et prône la solidarité.

 

 

En outre, les foyers français demeurent méfiants face au bio, malgré une adoption lente et progressive de certains produits de la vie courante, comme les oeufs, les légumes, et dans un autre registre, les cosmétiques. Si la grande distribution se taille encore la part du lion grâce à des prix défiants toute concurrence, la tendance du “consommer local” devrait peu à peu renverser l’échiquier en 2020.

 

 

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