Depuis le mois de mars, on assiste sur les réseaux sociaux à un déferlement de messages complotistes quant à l’origine du coronavirus et à la responsabilité des gouvernements.
Nombreux sont celles et ceux qui crient au complot en affirmant que le coronavirus aurait été créé en laboratoire, qu’il a été créé par Bill Gates, qu’il serait la conséquence du déploiement de la 5G ou encore que les vaccins créés pourraient servir à traquer la population. Si ces théories du complot peuvent vous paraître saugrenues, certaines sont déjà bien ancrées dans les esprits.
D'ailleurs, un sondage de la Fondation Jean-Jaurès révèle que 17 % des Français pensent que le virus a été créé intentionnellement en laboratoire et 9 % pensent que c’est accidentel. Mais alors pourquoi la crise favorise-t-elle la naissance de ces complots ? Comment les fake news réussissent-elles à faire leur chemin ? Voici quelques-unes de nos réflexions.
Une pandémie de fausses informations
Face à la prolifération des fake news et des théories du complot, l’OMS a mis en place une stratégie pour lutter contre le phénomène “d’Infodémie”. L’usage massif des réseaux sociaux participe en effet à l’accélération de la désinformation.
En mars dernier, le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus s’indignait : “Notre plus grand ennemi à ce jour, ce n’est pas le virus lui-même. Ce sont les rumeurs, la peur et la stigmatisation.”
La naissance et la diffusion de ces messages peuvent s’expliquer par le contexte de défiance de l’autorité qui s’est installé depuis de nombreuses années.
Trouver un responsable dans un contexte de défiance
Si la remise en cause de la parole publique et politique a toujours existé, les crises des dernières décennies ont suscité la peur d’une partie des citoyens et renforcé leur méfiance.
Pour le philosophe Alain Cambier, "toute situation de crise renforce un climat délétère et rend plus perméable les théories du complot. [...] On a affaire à du complotisme quand chacun veut retrouver son bouc émissaire”
En 2001, les attentats du World Trade Center à New-York faisaient déjà l’objet de théorie conspirationnistes.
Quelques années plus tard, pendant la crise de la grippe A (H1N1), les complotistes mettaient déjà en cause les laboratoires pharmaceutiques et les responsables politiques les accusant d’avoir volontairement diffusé le virus pour vendre des vaccins.
D’une crise à l’autre, l’on peut retrouver des arguments semblables.
Les nouvelles technologies, par exemple, ont été plusieurs fois pointées du doigt.
Ainsi, la grippe espagnole de 1918 aurait été due aux antennes radios implantées sur les territoires. En 2020, c’est au tour de la 5G d’alimenter les théories du complot.
Pour justifier leurs actions, les autorités s’appuient sur la recherche et la science elles-mêmes contestées par les complotistes.
Dans son article pour Les Echos, Pauline Lannier l’explique : “Accepter la science, c’est accepter l’autorité.”
La théorie du complot se positionne ainsi en véritable contre-pouvoir face aux lobbies et dirigeants accusés d’être animés par l’envie de pouvoir et d’argent.
Face à la grande masse d’information et à l’inquiétude des populations, les périodes de crises sont propices à l’émergence de théories du complot.
Les réseaux sociaux et leurs algorithmes enferment les internautes dans leurs idées.
Avec l’arrivée de nouvelles technologies comme le Deepfake, on peut se demander à quoi ressembleront les fake news de demain...
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